L’usage du monde de Nicolas Bouvier avec Samuel Labarthe, mis en scène par Catherine Schaub… Un inoubliable voyage, une rencontre avec l’autre.

Lorsque nous pénétrons dans la salle du Théâtre de Poche, le public venu nombreux est déjà en attente de l’entrée sur le plateau de Samuel Labarthe. Avec une élégance et une simplicité joyeuse, teintée de poésie et de vraie chaleur, ce dernier nous embarque dès lors dans un superbe récit de voyages, d’amitié et de fraternité.

Nous sommes ainsi conviés grâce à notre excellent conteur, à cheminer en pleine guerre froide avec le jeune journaliste Nicolas Bouvier. Parti en Fiat Topolino, peu d’argent en poche, il va effectuer un travail de pigiste et de professeur de français, pour se sustenter et continuer ainsi son périple fou. Avec son ami peintre Thierry Vernet, nantis d’une solide amitié et d’une belle solidarité, ils partiront pour un long voyage ; allant de Belgrade pour gagner l’Afghanistan en sillonnant la Turquie, l’Iran et sa rude région. Le but pour Nicolas Bouvier était d’arriver en Inde, ce qu’il fera par la suite…

Ce mode de nomadisme nous plonge au coeur même des peuples tziganes dont le jeune reporter suisse affectionnait la culture traditionnelle et festive, avec leurs musiques, leurs chants et leurs danses emplis d’émotions.
La scénographie très stylisée nous immerge au sein de leur périple situé de 1953 à 1954 : elle offre un florilège d’archives photographiques et musicales, pour le plaisir de nos yeux et de nos oreilles. L’illustration visuelle est parsemée de dessins rappelant l’esthétique de la série de bandes dessinées autobiographiques et adaptées en film : Persépolis de Marjane Satrapi.

Ce seul en scène est prenant, intense et doux à la fois, nous ramenant à nos rêves de voyages d’antan et à nos désirs de les -re-vivre aujourd’hui. C’est aussi avant tout, un rappel fort à l’esprit de fraternité et pour la préservation de la multiculturalité : ce qui nous fait tant défaut face à la peur de l’étranger qui nous étrangle jusqu’à nous étouffer.

En cette crise identitaire, avec les guerres intestines gagnant dangereusement l’Europe et le monde, le cheminement initiatique vécu par Nicolas Bouvier et son complice fait du bien et nous ramène à l’essentiel. Il nous recentre sur les plus nobles de nos valeurs : aimer l’autre et le respecter comme soi-même, s’enrichir à son contact et non le rejeter ou pire, détruire son identité et sa culture au risque -avec la volonté ?- de les faire tomber dans l’oubli.
«L’usage du monde» de Nicolas Bouvier, mis en scène par Catherine Schaub, est à la fois un souffle lyrique et un cri d’alarme.
Porté par Samuel Labarthe, un acteur généreux et investi, ce seul en scène est à l’affiche au Théâtre De Poche du mardi au samedi 19h et le dimanche à 15h jusqu’au 17 novembre 2024. N’hésitez donc pas à vous laisser embarquer…
Safia Bouadan
Distribution artistique
Interprétation : Samuel Labarthe
Mise en scène ; Catherine Schaub
Adaptation du roman de Nicolas Bouvier : Anne Rotenberg, Gérald Stehr et Samuel Labarthe
Photographie de plateau : Emilie Brouchon
Lieu
Théâtre De Poche
75 bd du Montparnasse
75006 Paris
Réservation
