Interview de Michel Voletti à l’occasion du spectacle Les Konteurs ou la malédiction de la sorcière. Cet entretien revient sur le parcours exceptionnel de cet artiste pluridisciplinaire, marqué par des expériences variées dans le théâtre, le cinéma, le doublage et la production. Michel Voletti partage ses souvenirs marquants, ses projets actuels et à venir, ainsi que sa vision passionnée d’une vie dédiée à la création artistique.

1/Peux-tu nous parler de ton parcours pluridisciplinaire ?
Né dans la brousse africaine, arrivé en France à 7 ans après quatre années passées en Indochine (ex Viet Nam) la vie avait déjà imprimé en moi ce désir d’aventure, de liberté. Si je ne savais pas ce que je voulais faire, je savais ce que je ne voulais pas. Je ne voulais surtout pas « travailler » « avoir un métier » « faire carrière » « rentrer dans le moule » Quelle horreur ! Être libre ! Mais pour ça il fallait attendre d’être grand… A 17 ans je suis parti aux Etats Unis, c’est là que tout a commencé. De rencontres en rencontres, mon chemin de vie s’est dessiné petit à petit. Je l’ai suivi avec plaisir. Sur la route, j’ai fait les lumières pour Sammy Davis Jr qui chantait au Régency Hyatt d’Atlanta, rencontré Andy Warhol lors d’un défilé de mode auquel je participais… Le service militaire m’attendait en France, infanterie de marine à côté de Saint Tropez… j’y ai rencontré François Florent qui montait son école à Paris et m’a proposé de prendre des cours avec lui… Pourquoi pas ? J’ai très vite commencé à faire du théâtre. Acteur, metteur en scène, auteur, je voulais tout essayer. J’ai pris des cours de chant, de claquettes, de danse moderne et jazz, fait des comédies musicales… le cinéma s’est invité, j’ai tourné avec Bernadette Lafond , Michel Galabru, Annie Duperey, Lambert Wilson, George Peppard… Mais j’avais gardé en moi cette aventure américaine avortée. Retour aux Etats Unis pour faire l’Actor’s Studio, Lee Strasberg, Stella Adler, de retour en France je monterais mon école ! Mais mon destin était différent… la prof de chant de l’Actor’s Studio montait une comédie musicale dans laquelle elle avait besoin d’un français ! Je devais rester un an, j’y suis resté douze ! Théâtre, Shakespeare en anglais, mises en scènes, télévisions , films… J’ai tourné avec Nick Nolte, Angela Lansbury, Richard Dreyfuss, Larry Hagman, Harry Dean Stanton, Francis Ford Coppola, Paul Mazursky, Bruce Willis…
Je reviens en France pour raison familiale et me retrouve à remplacer un copain au théâtre de La Madeleine dans une pièce de Jean Anouilh ! S’enchainent deux séries policières franco-américaines pour TF1 (les auteurs /producteurs me connaissaient de Los Angeles), d’autres tournages pour la télévision, puis un film d’Éric Rohmer « Conte d’hiver », le premier film de Laurent Carcélès, un film britannique de Simon MacCorkindale avec Ben Cross, le film de Cyril Collard « Les nuits fauves »… L’occasion se présente d’acheter un petit théâtre à Paris. Je pense immédiatement à cette école que je voulais monter. Je saute sur l’occasion ! Crée ma maison de production, produit le 1er album de Lina Koutrakos (chanteuse américaine), plusieurs pièces… L’école mourra dans l’œuf mais le théâtre marchera très fort. Cette nouvelle aventure fut une superbe expérience dont je garde d’excellents souvenirs malgré toutes les galères de gestion et un travail 7/7 de 9h00 à minuit !!! Pour quelqu’un qui ne voulait pas travailler…
Je crée un bureau de presse spectacles vivants, reprend les tournages, le théâtre, la mise en scène et entre dans le domaine du doublage. Autre facette passionnante de notre métier qui nous offre des rôles que l’on n’aurait pas l’occasion d’interpréter.
Faisant en parallèle de la photo en amateur depuis longtemps, on me propose d’exposer. S’ensuivent trois expos à Paris et une à Bruxelles.
Voilà, la route est longue et excitante. On saute par-dessus les obstacles, on apprend de ses échecs, on tombe, on se relève et on avance. D’autres aventures m’attendent que je ne connais pas encore, mais certaines sont en préparation…
2/Quels sont les souvenirs de plateau les plus marquants pour toi ?
« La Esmeralda » de Victor Hugo mis en scène par Francis Sourbié avec Sylvie Lafontaine et toute la population de La Bohalle un village à côté d’Angers. J’y interprétais Frollo. C’était ma première pièce professionnelle. L’aventure humaine fut extraordinaire. Un village entier au service de la pièce pour créer les costumes, les décors et jouer les rôles avec une intensité et une vérité étonnante. D’ailleurs certains d’entre nous sommes toujours en contact 50 ans plus tard !
« Jeanne d’Arc au bûcher » de Claudel/Honneger dirigé par Kurt Mazur avec Marthe Keller et Michael Lonsdale. La puissance et la beauté de cet oratorio m’ont apporté une émotion telle que je pleurais lors des applaudissements. En plus dans des salles mythiques comme le MET à New York, le Philharmonique de Berlin, le Gewandhaus de Leipzig…
« Wilde/Chopin : De Profundis » lecture musicale pour laquelle j’étais accompagné du merveilleux pianiste Mickael Lipari-Mayer. Le plaisir de partager un superbe texte en osmose avec les plus belles pages de la musique classique. La réaction du public était extraordinaire.
Et de nombreux autres spectacles pour différentes raisons comme « Lève toi et viens » comédie musicale américaine des années 70’ jouée à l’Olympia ! « King John » au Globe de Los Angeles. Jouer Shakespeare en anglais ! « Playing for time » au Marilyn Monroe Theatre dans laquelle j’interprétais le monstrueux docteur Mengele…
Chaque spectacle apporte des joies et des émotions différentes. Il y en a qu’on oublie, mais ils sont rares. La majorité restent pour moi de beaux souvenirs.
3/ Comment a débuté l’aventure de ce spectacle musical Les Konteurs ou la malédiction de la sorcière que tu mets en scène sur une création de Alain Toubiana, aussi le principal personnage de conte écologique et musical dit Alix de Montréal ?
Tout a commencé lorsque Alain Toubiana m’a approché pour m’occuper avec Denis Sublet de la presse de son spectacle. Au départ, il s’agissait simplement d’un concert de comptines de notre enfance réorchestrées en reggae, pop, rock… L’idée était sympa, mais il manquait un fil rouge. Au vu des chansons interprétées, J’ai émis l’idée d’aborder le sujet de l’écologie. Alain a pensé que l’arrivée d’une sorcière malfaisante pourrait servir l’histoire… Le concert étant accompagné d’un festival d’images du style Tim Burton, nous avons d’abord travaillé sur l’imagerie en 3D. Nous y avons rajouté un côté Alice au pays des merveilles, quelques animaux pour les enfants et bien sûr : La Sorcière ! Hélas, à cause d’un incident indépendant de notre volonté, le spectacle a dû s’arrêter après trois représentations. Mais ce n’est que partie remise !

4/ Quels sont tes projets ou actualités en cours ?
Pour le moment, je m’occupe avec le bureau de presse de plusieurs spectacles comme le concert/sortie d’album « Tangueada » une parfaite osmose entre l’âme du tango argentin et l’élégance de la musique de chambre avec bandoneon, contrebasse, violon et piano. Ils seront au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt les 12 et 13 mars 2025. Aussi « Mau d’Âmour » un très bel hommage de Christel Kern à Maurane à partir du 9 janvier au théâtre Essaïon ; « Le lac des cygnes » au Casino de Paris en février,
« Irish Celtic : Le chemin des légendes » au Casino de Paris en mars… Sans oublier la préparation du Festival Off d’Avignon avec de belles créations !
Donc pas beaucoup de temps pour mes projets. Parmi lesquels une exposition pour mes nouvelles photos et me remettre à l’écriture.
5:Un mot ou une pensée pour finir…ou commencer ?
Si tout vient à point à qui sait attendre… Ne perdons pas de temps, la vie est trop courte !
Et n’oubliez jamais : La vie est ce que l’on en fait… et elle peut être très belle ! Faites que vos rêves deviennent réalité.
Propos recueillis par Safia Bouadan
