En rentrant dans la salle de classe de la pièce Rentrée 1942 co-écrite par Pierre-Olivier Scotto et Xavier Lemaire et mise en scène par ce dernier, nous n’imaginons pas en ressortir autant transportés par le récit, la force dramatique réaliste et le jeu puissant des acteurs. On se transforme littéralement en une de ces professeurs d’école, des témoins impuissants de ce drame génocidaire qui nous ramène aux pires années de notre histoire : le nazisme et son machiavélisme. On ne peut avoir oublié, on ne peut oublier ! Si chacun veut fermer les yeux, la mémoire est ainsi capricieuse, cette œuvre théâtrale est un vrai coup de poing sur nos consciences, une douche glacée sur notre esprit oublieux de ces terribles faits qui ne font pas honneur… Collaborateur, profiteur de guerre, résistant, sacrificiel, traître, peureux et lâche ou un peu de tous ces états à la fois… Cette pièce nous interroge sur nos choix de comportements en situation de crise majeure. Et nous, qu’aurions-nous fait ?

Ce récit pourtant imaginé par les auteurs nous parle de l’horreur humaine à travers la rentrée scolaire qui ne sera plus jamais la même après cet été de la terreur. Une directrice d’école et professeur d’adolescentes, Gisèle Blanc – jouée par Anne Richard au sommet de son art – se prépare en ce Iᵉʳ octobre 1942, avec rigueur, nervosité et dans une attente active. La rentrée doit se faire dès le lendemain pour ses professeurs – des comédiennes talentueuses et investies – et sa plus de la centaine d’élèves : elle réunit les trois employées de son école de filles située dans le onzième arrondissement, afin de distribuer les groupes de niveaux et âge par classe et le programme pédagogique de l’année. Elle attend la liste des inscrites avec impatience et quelque inquiétude de ne pas encore l’avoir en main. Une seule professeure du nom d’Esther manque à l’appel : avec une gêne évidente, on évoque le souvenir de son travail scolaire efficace et elle a soudain disparu. Le mystère s’installe aussi. Qu’est-elle devenue ?

La directrice toujours sans réponse concernant sa demande de liste, charge son intendant général de l’école, Adolphe Bastien, de s’en occuper, une – ex-gueule cassée de la guerre de 14 revenu estropié des champs de bataille – Xavier Lemaire, aussi le metteur en scène, est exemplaire dans ce rôle.

Le deux octobre arrive et la majorité des enfants et adolescentes manquent à l’appel alors que la liste a enfin été donnée. Que s’est-il passé ? Un fonctionnaire d’état – Michel Laliberté, exceptionnel dans ce rôle à contre-emploi – est dépêché pour donner ses directives irréversibles alors que la direction d’école n’en a pas été informée…

Cette pièce est un pur bijou culturel et historique. Palme du meilleur spectacle au Off d’Avignon 2023, il est éligible aux Molières 2025, nous faisons ainsi le vœu que la talentueuse et généreuse troupe soit récompensée…

À l’affiche jusqu’au 2 février 2025, les mardis et vendredis à 19h, les jeudis et samedis à 21h, le dimanche à 17h.

Safia Bouadan

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Lieu

Théâtre Comédie Bastille
5 rue Nicolas Appert
75012 PARIS 

Distribution artistique 

Auteurs : Pierre-Olivier Scotto et Xavier Lemaire
Metteur en scène : Xavier Lemaire

Comédiennes – les professeurs et directrice d’école- Anne Richard, Isabelle Andréani, Emilie Chevrillon, Fanny Lucet,
L’intendant-surveillant : Xavier Lemaire
Le fonctionnaire d’état direction de l’inspection pédagogique : Michel Laliberté ou Philipp Weissert.

Costumes : Christine Vilers
Musique : Philippe Bozo
Décor : Caroline Mexme
Lumières : Didier Brun
Photographie : Alejandro Guerrero