
C’est l’histoire d’un moment suspendu dans le temps où tout bascule pour un comédien du nom d’Alexandre, lequel se rend à moto en répétition, et qui se retrouve brutalement catapulté à l’hôpital entre la vie et la mort à cause d’un chauffard qui prend la fuite. Sans l’intervention d’un de ces héros discrets du quotidien, il serait resté là à se regarder mourir.
Pendant son coma et ces mille cent jours de soin, il conte quelques bribes de son existence entouré par Sophie, l’amour de sa vie et son petit frère maladroit, Paul, restant encadré par une infirmière affairée mais parfaitement débordée. S’invite alors aussi Batavia, un personnage poétique et fantasque qui vient se glisser dans son délire comateux sous morphine.
Ce récit est surtout celui réel et fictionnalisé d’une résilience illustrée par l’absurdité de la condition du patient où l’enjeu s’il survit, est la perte de sa jambe. Le chirurgien Arbakian un grain de folie en plus, ne laisse présager aucun espoir, ni pour la jambe ni même pour sa vie .

L’angle pris par Stéphane Titeca, l’ami du comédien -Régis Romele, dans son propre rôle de patient car c’est bien son histoire qu’il joue sur scène-, est assurément très original : poétique, mêlant l’absurde avec son côté clownesque et tragico-comique à celui plein de tendresse ou de joyeuseté. La scénographie , la régie lumineuse et sonore, le décor, les costumes et accessoires, sont pensés dans un esprit volontairement surréaliste : une vision colorée faussement naïve afin de montrer le contraste. Celui existant entre ce que le patient vit en son for intérieur et celui lié à cette ambiance ouateuse régnant dans sa chambre et le couloir hospitalier . Seuls lieux par ailleurs où tout le spectacle se déroule .

Mais que vient faire la feuille de salade dans tout cela ? Ce parti pris de l’absurdité et de l’onirisme permet de faire de ce récit des plus tragiques, une pièce fantasque et réaliste à la fois où on s’attache aux personnages, au narrateur- le patient-, en évitant tout versement dans le pathos . Stéphane Titeca confie que c’était une promesse faite à son ami de faire de son récit autobiographique un spectacle pas comme les autres . C’est réussi avec en prime une talentueuse troupe : Laetitia Richard, dans le rôle de Sophie, attachante, tendre et volontaire- , Stéphane Titeca -dans ceux doublement bien campés du frère et du chirurgien-, ainsi que l’infirmière Sonia, dynamique et débordée -Agathe Sanchez, aussi pleine de présence -. Les comédiens-nes- servent ainsi à merveille le propos dramatique dans une dramaturgie pensée pour une immersion du spectateur en douceur…
Cette pièce poético-réaliste est à découvrir au festival Off d’Avignon . Elle est actuellement à l’affiche au Théâtre des Gémeaux à 13h30 -relâche les 16 et 23 juillet-
Safia Bouadan
Bande annonce
Lieu et réservation : THÉÂTRE DES GÉMEAUX
10, rue du Vieux Sextier – 84000 Avignon
Distribution artistique :
–AUTEUR-METTEUR EN SCENE : STÉPHANE TITECA
ASSISTÉ DE GUILLAUME DRUEL
sous l’oeil complice de LINA LAMARA
-AVEC AGATHE SANCHEZ, LAETITIA RICHARD,
RÉGIS ROMELE, STÉPHANE TITECA
-SCÉNOGRAPHIE ET CRÉATION LUMIÈRE: MOÏSE HILL
-CRÉATION UNIVERS SONORE: GUILLAUME DRUEL
-COSTUMES: JUSTINE CALAIS-GILLOT
-CHORÉGRAPHIE: AURÉLIA AYAYI
-RÉGIE: JEAN-RAPHAËL SCHMITT
Photographie de MANON DEBARRE
